J'aurais pu faire ça!

"J'aurais pu faire ça!"
"Un enfant de trois ans pourrait faire ça!"

Voilà le genre de phrase qu'on peut entendre dans un musée...  Et aussi dans une salle de cours d'arts plastiques. Combien de fois les élèves sursautent-ils lorsque je leur montre une reproduction d'une oeuvre d'art célèbre, simplement parce qu'elle ne leur semble pas techniquement difficile à réaliser.

En art, le savoir-faire est important. Alors je peux comprendre que les élèves se sentent déroutés devant une oeuvre qui leur semble simpliste. Mais dans la communication entre l'artiste et le spectateur, beaucoup repose sur les attentes du spectateur.

Est-ce que vraiment vous auriez pu faire ce que vous prétendez pouvoir faire?

Voici une petite vidéo brillante qui tente de répondre à cette épineuse question.
Malheureusement, c'est en anglais. Désolé.

Allégorie de la caverne de Platon.

Comme j'intègre le concept de l'ALLÉGORIE à mon enseignement des arts plastiques, j'ai choisi de consacrer ici un article à l'allégorie de la caverne, qui est l'une des plus belles illustrations d'une allégorie, qu'on pourrait définir comme une situation fictive regroupant plusieurs métaphores, visant à expliquer par l'exemple une situation réelle complexe. 
Au risque de me rendre coupable de plagiat, je recopie entièrement la présentation de l'excellent site S.O.S DEVOIRS. Après tout, le texte de cette source n'est qu'une longue citation d'un dialogue extrait de LA RÉPUBLIQUE de Platon, qui est l'un des textes philosophiques les plus connus. Mais les animations contenues dans l'article sont à la fois simples et claires et je les reproduit ici. Place au théâtre!


Socrate - Maintenant, représente-toi notre nature selon qu'elle a été instruite ou ne l'a pas été, sous des traits de ce genre : imagine des hommes dans une demeure souterraine, une caverne, avec une large entrée, ouverte dans toute sa longueur à la lumière : ils sont là les jambes et le cou enchaînés depuis leur enfance, de sorte qu'ils sont immobiles et ne regardent que ce qui est devant eux, leur chaîne les empêchant de tourner la tête. La lumière leur parvient d'un feu qui, loin sur une hauteur brûle derrière eux ; et entre le feu et les prisonniers s'élève un chemin le long duquel imagine qu'un petit mur a été dressé, semblable aux cloisons que des montreurs de marionnettes placent devant le public, au-dessus desquelles ils font voir leurs marionnettes.
Glaucon - Je vois

Socrate -- Imagine le long du mur des hommes qui portent toutes sortes d'objets qui dépassent le mur ; des statuettes d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, faits de toutes sortes de matériaux ; parmi ces porteurs, naturellement il y en a qui parlent et d'autres qui se taisent.
Glaucon -- Voilà un étrange tableau et d'étranges prisonniers.

Socrate -- Ils nous ressemblent. Penses-tu que de tels hommes aient vu d'eux-mêmes et des uns et des autres autre chose que les ombres projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face ?

Glaucon -- Comment cela se pourrait-il, en effet, s'ils sont forcés de tenir la tête immobile pendant toute leur vie ?

Socrate -- Et pour les objets qui sont portés le long du mur, est-ce qu'il n'en sera pas de même ?

Glaucon -- Bien sûr.

Socrate -- Mais, dans ces conditions, s'ils pouvaient se parler les uns aux autres, ne penses-tu pas qu'ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes en nommant ce qu'ils voient ?
Glaucon -- Nécessairement.

Socrate -- Et s'il y avait aussi dans la prison un écho que leur renverrait la paroi qui leur fait face ? Chaque fois que l'un de ceux qui se trouvent derrière le mur parlerait, croiraient-ils entendre une autre voix, à ton avis, que celle de l'ombre qui passe devant eux ?

Glaucon -- Ma foi non.

Socrate -- Non, de tels hommes ne penseraient absolument pas que la véritable réalité puisse être autre chose que les ombres des objets fabriqués.

Glaucon -- De toute nécessité.

Socrate -- Envisage maintenant ce qu'ils ressentiraient à être délivrés de leurs chaînes et à être guéris de leur ignorance, si cela leur arrivait, tout naturellement, comme suit : si l'un d'eux était délivré et forcé soudain de se lever, de tourner le cou, de marcher et de regarder la lumière ; s'il souffrait de faire tous ces mouvements et que, tout ébloui, il fût incapable de regarder les objets dont il voyait auparavant les ombres, que penses-tu qu'il répondrait si on lui disait que jusqu'alors il n'a vu que des futilités mais que, maintenant, plus près de la réalité et tourné vers des êtres plus réels, il voit plus juste ; lorsque, enfin, en lui montrant chacun des objets qui passent, on l'obligerait à force de questions à dire ce que c'est, ne penses-tu pas qu'il serait embarrassé et trouverait que ce qu'il voyait auparavant était plus véritable que ce qu'on lui montre maintenant ?
Glaucon -- Beaucoup plus véritable.

Socrate -- Si on le forçait à regarder la lumière elle-même, ne penses-tu pas qu'il aurait mal aux yeux, qu'il la fuirait pour se retourner vers les choses qu'il peut voir et les trouverait vraiment plus distinctes que celles qu'on lui montre ?

Glaucon -- Si.

Socrate -- Mais si on le traînait de force tout au long de montée rude, escarpée, et qu'on ne le lâchât pas avant de l'avoir tiré dehors à la lumière du soleil, ne penses-tu pas qu'il souffrirait et s'indignerait d'être ainsi traîné ; et que, une fois parvenu à la lumière du jour, les yeux pleins de son éclat, il ne pourrait pas discerner un seul des êtres appelés maintenant véritables ?

Glaucon -- Non, du moins pas sur-le-champ.

Socrate -- Il aurait, je pense, besoin de s'habituer pour être en mesure de voir le monde d'en haut. Ce qu'il regarderait le plus facilement d'abord, ce sont les ombres, puis les reflets des hommes et des autres êtres sur l'eau, et enfin les êtres eux-mêmes. Ensuite il contemplerait plus facilement pendant la nuit les objets célestes et le ciel lui-même - en levant les yeux vers la lumière des étoiles et de la lune - qu'il ne contemplerait, de jour, le soleil et la lumière du soleil.

Glaucon -- Certainement.

Socrate -- Finalement, je pense, c'est le soleil, et non pas son image dans les eaux ou ailleurs, mais le soleil à sa vraie place, qu'il pourrait voir et contempler tel qu'il est.

Glaucon -- Nécessairement.

Socrate -- Après cela il en arriverait à cette réflexion, au sujet du soleil, que c'est lui qui produit les saisons et les années qu'il gouverne tout dans le monde visible, et qu'il est la cause, d'une certaine manière, de tout ce que lui-même et les autres voyaient dans la caverne.
Glaucon -- Après cela, il est évident que c'est à cette conclusion qu'il en viendrait.

Socrate -- Mais quoi, se souvenant de son ancienne demeure, de la science qui y est en honneur, de ses compagnons de captivité, ne penses-tu pas qu'il serait heureux de son changement et qu'il plaindrait les autres ?

Glaucon -- Certainement.

Socrate -- Et les honneurs et les louanges qu'on pouvait s'y décerner mutuellement, et les récompenses qu'on accordait à qui distinguait avec le plus de précision les ombres qui se présentaient, à qui se rappelait le mieux celles qui avaient l'habitude de passer les premières, les dernières ou ensemble, et à qui était le plus capable, à partir de ces observations, de présager ce qui devait arriver : crois-tu qu'il les envierait ? Crois-tu qu'il serait jaloux de ceux qui ont acquis honneur et puissance auprès des autres, et ne préférerait-il pas de loin endurer ce que dit Homère : "être un valet de ferme au service d 'un paysan pauvre", plutôt que de partager les opinions de là-bas et de vivre comme on y vivait.

Glaucon -- Oui, je pense qu'il accepterait de tout endurer plutôt que de vivre comme il vivait.

Socrate -- Et réfléchis à ceci : si un tel homme redescend et se rassied à la même place, est-ce qu'il n'aurait pas les yeux offusqués par l'obscurité en venant brusquement du soleil ?

Glaucon -- Si, tout à fait.

Socrate -- Et s'il lui fallait à nouveau donner son jugement sur les ombres et rivaliser avec ces hommes qui ont toujours été enchaînés, au moment où sa vue est trouble avant que ses yeux soient remis - cette accoutumance exigeant un certain délai - ne prêterait-il pas à rire, ne dirait-on pas à son propos que pour être monté là-haut, en est revenu les yeux gâtés et qu'il ne vaut même pas la peine d'essayer d'y monter ; et celui qui s'aviserait de les délier et de les emmener là-haut, celui-là s'ils pouvaient s'en emparer et le tuer, ne le tueraient-ils pas?

Glaucon -- Certainement.

Socrate -- Ce tableau, il faut l'appliquer entièrement à ce qu'on a dit auparavant : en assimilant le monde visible au séjour de la prison, et la lumière du feu au rayonnement du soleil. Et si tu poses que la montée et la contemplation des réalités d'en haut représentent l'ascension l'âme vers le monde intelligible, tu ne te tromperas pas sur ma pensée, puisque tu désires la connaître ; et Dieu sait si elle est vraie. Voici comment les choses se présentent pour moi : à l'extrémité du monde intelligible, est L'idée du Bien, qui peut à peine être contemplée mais qu'on ne peut voir sans conclure qu'elle est bien la cause de tout ce qu'il y a de rectitude et de beauté dans le monde : dans le monde visible, elle engendre la lumière et sa source souveraine, et dans le monde intelligible, souveraine, elle dispense intelligence et vérité ; et c'est elle qu'il faut contempler pour agir sagement dans la vie privée comme dans la vie publique.

Glaucon -- Je suis de ton avis, autant que je puis te suivre.

Socrate -- Allez, suis-moi encore sur ce point : ne t'étonne pas si ceux qui sont arrivés jusque là ne veulent plus conduire les affaires humaines et si leurs âmes sont impatientes de rester toujours à cette hauteur. Ce qui est bien naturel si l'on se rapporte à notre allégorie de tout à l'heure .

Glaucon -- Oui, c'est naturel.
 



Le changement de paradigme du système d'éducation



Le point de vue radical - mais ô combien lucide - de Ken Robinson sur l'actuel système d'éducation publique. Ce spécialiste de l'éducation est américain, mais la situation qu'il décrit s'applique à de nombreux pays riches.
Les solutions qu'avance Robinson sont toutefois du domaine de l'utopie. Au Québec, par exemple, le gouvernement actuel contribue à la marchandisation du savoir et sabre dans les salaires des profs sous prétexte de rétablir l'équilibre budgétaire. Dans ce contexte d'austérité, on demande aux profs de faire plus avec moins, c'est à dire concrètement: plus d'heures de travail et plus d'élèves dans les classes avec un salaire diminué. Tout cela alors que les profs se plaignent déjà du manque de ressources. Comment alors offrir aux enfants une éducation qui respecte les rythmes et les particularités de chacun? Et cela amène une question corollaire: comment attirer des gens compétents qui sauront "éveiller les jeunes au lieu de les endormir" vers la profession enseignante dans ces circonstances?

Ce vidéo inspirant est à voir. Notez bien la place des arts plastiques dans ce système, les implications que cela suppose et les répercussions que cela engendre...